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"Pour nous, la gpa n'a pas fonctionné..."


Pour la plupart des parents d’intention, le parcours de gestation pour autrui au Canada fonctionne et est une bénédiction.

Mais il est important de savoir que parfois, la GPA ne se déroule pas comme prévu… Voici le témoignage poignant de Kevin et Julien, dont le rêve de famille a été ébranlé.

 

« Je m’appelle Kevin, j’ai 29 ans, et je veux vous raconter l’histoire de notre GPA au Canada avec mon mari Julien.

 

Avant de vous en dire plus, je veux remonter le temps… Tout a commencé quand j’étais beaucoup plus jeune. Fonder ma famille a toujours été un rêve. J’y pensais depuis l’adolescence et cela a toujours été un objectif.

Quand j’ai commencé à travailler, j’ai rapidement commencé à mettre de l’argent de côté. La préoccupation de pouvoir payer les frais d’un parcours de GPA a toujours été au centre de mes préoccupations pour pouvoir réaliser mon rêve de fonder une famille.

 

Et puis je me suis rapproché de ce rêve en 2015, quand j’ai rencontré Julien. Lui aussi rêvait d’avoir des enfants. Trois ans plus tard, en 2019, nous avons débuté nos recherches pour trouver le meilleur moyen de devenir parents. Après de longues recherches, notamment avec l’aide de l’ADFH, nous nous sommes dirigés vers un parcours de GPA au Canada et avons choisi une agence.

 

Les montages russes

Et c’est là qu’ont débuté les montagnes russes. Dès le départ, nous avons manqué de chance : c’est en pleine pandémie du Covid que nous débuté nos démarches, qui ont donc été ralenties. Nous avons pu choisir une donneuse d’ovocytes habitant en Ontario, mais les déplacements étant limités, énormément de temps a été perdu. Julien et moi avons finalement décidé déménager de la France vers le Québec pour se donner plus de chances.

 

Après de longs mois d’attente, nous avons enfin pu nous rendre à notre clinique en Ontario pour effectuer le don de sperme et – enfin – créer nos embryons.

Notre donneuse a donné 28 ovocytes, 13 n’étaient pas matures, donc les 15 restants ont pu être fertilisés et 8 embryons se sont développés correctement.

 

Quelques mois plus tard, nous avons matché avec une mère porteuse qui habitait l’ouest du Canada et qui préférait ne pas se déplacer, nous avons donc dû faire transporter nos embryons dans une nouvelle clinique à Vancouver. En janvier 2021, nous avons pu faire un premier transfert d’embryon ! Nous avons attendu fébrilement le résultat du test sanguin au bout de 10 jours… Malheureusement, ce transfert n’a pas fonctionné… Nous avons pu faire un nouvelle tentative deux mois plus tard, mais qui s’est soldée également par un échec…

Émotionnellement, cela a été très dur à vivre, d’autant plus qu’après ces deux échecs, notre mère porteuse a souhaité arrêter ce parcours éprouvant.

 

Persévérance

Financièrement, nous avions aussi déjà engagé beaucoup de frais et il s’est posé la question de la poursuite du parcours ou pas. Mais notre rêve de fonder une famille mérite des sacrifices.

 

Pour partir d’un nouveau pied, nous avons décidé de changer d’agence pour trouver une nouvelle mère porteuse, et nous avons eu la chance de rencontrer une nouvelle fée en seulement quelques mois. Le temps de faire les nouveaux contrats et les vérifications médicales, nous avons effectué notre premier transfert d’embryon avec notre nouvelle mère porteuse en janvier 2022, qui n’a pas fonctionné, puis le second le mois suivant mais qui n’a pas fonctionné non plus…

 

Ce parcours est long et difficile… nous le savions, et c’est la vie, et malgré tout notre investissement de temps et émotionnel, et malgré le budget important, rien n’est garanti, rien n’est acquis…

 

Notre mère porteuse était d’accord pour continuer avec nous, mais dans notre malchance, nos embryons restant n’était pas d’assez bonne qualité donc nous ne mettions pas toutes les chances de notre côté.

 

Un miracle

C’est alors qu’un miracle s’est produit : notre mère porteuse nous a proposé d’être elle-même notre nouvelle donneuse pour nous permettre de continuer le parcours.

 

Nous nous sommes assurés que juridiquement, cette nouvelle configuration ne remettait pas en cause nos droits en tant que futurs parents. Puis, nous avons essayés à l’ancienne : avec des pots et des seringues pour qu’elle tombe enceinte. Nous avons essayé tous les jours pendant deux semaines mais rien n’y a fait, elle n’est pas tombée enceinte…

 

De notre côté, entre l’hôtel, l’avion, la location de voiture et les repas à prendre en charge à Vancouver, c’est un sacré budget donc nous n’avons pas pu y aller tous les mois…  Financièrement, nous ne pouvions pu suivre, ce qui nous a contraint à stopper notre parcours.

 

 

Une somme monumentale

Bien sûr, au-delà de l’aspect émotionnel, nous avons fait les comptes. Au total, nous avons dépensé précisément 149 734,31 dollars canadiens. Cela représente 101 000 euros. La perte d’argent est monumentale, après autant de sacrifices financiers pour vivre notre rêve de famille… Aujourd’hui, nous n’avons plus d’embryons et plus d’argent.

 

Cette décision de tout arrêter a été très dure à encaisser… Nous ne sommes pas en colère. Nous savons que chaque parcours est différent et que parfois, les embryons ne s’accrochent pas… Et nous avons beaucoup manqué de chance… Mais nous sommes bien sûr déçus de cette situation que nous trouvons injustes car en tant que couple gay, nous n’avons pas tellement d’autres choix…

 

Si c’était à refaire…

Avec le recul, nous nous disons que peut-être, nous ne nous sommes pas assez informés sur la GPA au Canada et que nous avons peut-être suivi ce qu’on nous a conseillé de faire sans avoir toutes les cartes en main. Connaissant la situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui, il peut être facile de se dire que nous aurions fait différemment. Mais si tout était à refaire, il n’est pas évident que nous ferions tout différemment.

En tout cas, une certitude : nous ferions tester génétiquement nos embryons pour être sûrs d’implanter des embryons dont nous savons qu’ils sont viables.

 

Un conseil ?

On m’a déjà demandé quel est le conseil que je pourrais donner à ceux que se lancent dans la GPA au Canada. C’est très difficile, car chaque parcours est différent. Nous avons été en contact avec un couple qui a utilisé la même agence et la même clinique que nous, et leur mère porteuse est tombée enceinte du premier coup, et ils sont maintenant papas…

 

Le seul conseil que je pourrais éventuellement donner, c’est qu’il faut s’attendre à tout et ne rien regretter ! Et il faut être bien entouré et ne pas hésiter à en parler pour ne pas tout garder pour soi pour vivre ce parcours au mieux.

 

Pour nous en tant que couple, c’est une épreuve difficile à surmonter. Mais nous nous accrochons et restons soudés. Nous habitons toujours au Québec. Nous avons acheté notre maison avec un grand jardin où je voyais déjà mes enfants courir et jouer. Mais peut-être un jour… ?

 

En attendant, ici au Québec, on m’a beaucoup répété qu’il fallait prendre un jour à la fois, alors c’est ce que nous faisons. Et nous continuons de croire en notre rêve et nous reprendrons dès que nos finances le permettront ».

 


Kevin et Julien ont créé une cagnotte en ligne pour reprendre leur parcours de GPA : https://gofund.me/56ce60a1

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